Toucher pour exister

« … des images de carnage belles comme des images de fiction, l’émotion du réel en plus. » Extrait du Monde.fr, Jean-Luc Douin, 11/04/08.

Cette citation, à propos du documentaire The War, résume très précisément la confusion croissante entre documentaire et fiction, et la mode actuelle de la substitution. Redacted, dernier film de Brian De Palma, est une fiction élaborée à partir de documents amateurs postés sur internet. The road to Guantanamo de Michael Winterbottom se fonde également sur le même principe, un cinéma du réel, tourné caméra sur épaule, saturé d’images d’archives, basé sur des faits réels. D’un autre côté, pour capter l’attention, les documentaires sont à l’affut de sujets romanesques, de vies flamboyantes, mouvementées, aventureuses, de tragédies, d’épopées. Entre les deux, l’émergence d’un genre nouveau, qui reprend le meilleur de l’un et de l’autre : le docufiction, dont le plus marquant reste à ce jour, en Belgique, Bye bye Belgium.

Pour être parfaitement cynique, on pourrait se réjouir que le documentaire assume enfin ouvertement sa partialité, son désir secret de susciter l’émotion, quand sa mission informative se révèle ennuyeuse, impopulaire. Et se féliciter que des valeurs aussi obsolètes que la rigueur, la modération et l’honnêteté plombent de moins en moins la société du spectacle.

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