L’incandescence encore (Portishead en concert)

Forest National, 08/05/08

Comment transmuer l’introversion en intensité ? Elle, arrimée à son micro, tête baissée, épaules voûtées, se détournant du public dès qu’elle cesse de chanter. Nulle sophistication, à peine un écran reprenant quelques plans anamorphosés de la scène , des jeux de lumière rudimentaires, des coupures entre les morceaux, l’accord brut des instruments, sans discours ni confidences – c’est cela, un concert de Portishead, l’aridité, le dépouillement. Et si la salle avait été plongée dans l’obscurité, s’en serait-on aperçu ? La dramaturgie délaisse le visuel, se déporte dans un domaine plus sensible, où la musique se suffit à elle-même. Entre le chant et les accompagnements, au fond-même de la voix, dissociée, cassante, douce, voluptueuse, glaçante, murmure, cri et plainte, les tensions se nouent, prolifèrent et se heurtent les unes aux autres. Cette trame instable alternativement se concentre et se déploie, à mesure que Beth Gibbons semble quitter son propre corps et s’incarner tout entière dans son chant. Sa présence – est-elle réellement fragile ? – envahit la salle immense, en modifie les proportions, et sans se livrer une seule seconde, défait les soudures et s’engouffre à flots dans toutes les brèches.

Dernier album : Third

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