Nicolas SAADA, « Espion(s) », avec Guillaume Canet et Géraldine Pailhas, France, 2009 (Durée: 99′)
Les Espions de Nicolas Saada sont tièdes et dispensables. On ne s’y attachera pas, on les oubliera aussitôt. Proprement cadrés dans un espace réduit (l’écran), ils stagnent, anonymes, éphémères. On ne craindra pas, de leur part, ces fâcheux débordements qui grincent aux charnières de l’intrigue : ils resteront plats et superficiels – nous ne serons pas touchés. Les conventions du genre se défont d’elles-mêmes, elles se fanent lancinantes dans l’atmosphère étale. Par exemple, on trouve des explosifs – leur état liquide en dilue l’impact. Peu d’éclats, pas salissants. L’amour morne est déprimé, la géopolitique cynique, désespérée, l’espionnage terne presque réaliste – tout cela glisse sans heurt, coule sans couleur. C’est ainsi que je console ma lassitude des films d’action, dont les flamboiements, les revirements nombreux, les vices cachés et les vertus exemplaires me fatiguent faute de m’émouvoir. Le cinéma de Saada se regarde sans arrière-pensées voire sans pensées du tout, sa limpidité détend, sa fadeur convient. J’évite, en général, de commenter les films dont je n’ai rien à dire. Mais, dans une logique déceptive, l’absence de qualités peut en devenir une. Il m’arrive d’aimer les callosités d’un jour gris.
Nicolas SAADA, « Espion(s) », avec Guillaume Canet et Géraldine Pailhas
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