– c’est là l’hypothèse de l’acrobate, nœud coulant de ses folles arabesques, là le risque qui le détermine de ne fixer qu’un vertige, défiant l’air prompt à le repousser, trait sur matière, étincelle s’éclaboussant toujours en train de se refaire, c’est ainsi qu’il nous apparaît, ainsi, mais qui peut le saisir, qui peut comprendre, suivre le fil invisible qui le retient encore quand il semble s’élancer si librement, comprendre qu’ainsi jeté presque virtuose du vide survient le risque, risque de ne pas être rejoint –
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– Ils courent l’un vers l’autre. Dans leurs regards, leurs souffles accordés, la distance se résume, le temps fuit de plus belle. C’est donc que cela existe, ce vers quoi ils se hâtent ; cet horizon, faut-il qu’il soit profond pour qu’ils le piétinent, l’oublient. Comment, entre ces deux corps pressés sous une emprise unanime, comment n’y aurait-il pas quelque trappe que l’élan ignore, quelque autre énigme sous laquelle se trame un temps qui ne soit pas celui d’un seul cœur battant ? Car non seulement l’événement se dissimule, et son inadmissible latence prend une épaisseur et une densité telles que le sol sous leurs pieds s’enfonce, mais encore, preuve à venir d’une réalité qu’ils ne croiraient jamais voir s’ériger là, non pas sans doute de leur propre vouloir mais à leur contact, presque sous leur peau, ce temps-là semble se renfrogner, faire surgir et s’arracher des développements jusque dans ses propres replis, fouillant, creusant la distance comme s’il y avait là une fissure au sein même de la continuité –
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