– cette ouverture qui signera l’apparition –

« N’apparaît que ce qui fut capable de se dissimuler d’abord. Les choses déjà saisies en aspect, les choses paisiblement ressemblantes jamais n’apparaissent. Apparentes, certes, elles le sont – mais apparentes seulement : elles ne nous auront jamais  été données comme apparaissantes. Que faut-il donc à l’apparition, à l’événement de l’apparaissant ? Que faut-il juste avant que l’apparaissant ne se referme en son aspect présumé stable ou espéré définitif ? Il faut une ouverture, unique et momentanée, cette ouverture qui signera l’apparition comme telle. Un paradoxe va éclore, parce que l’apparaissant se voue, dans l’instant même où il s’ouvre au monde visible, à quelque chose comme une dissimulation. Un paradoxe va éclore parce que l’apparaissant aura, pour un moment seulement, donné accès à ce bas-lieu, quelque chose qui évoquerait l’envers ou, mieux, l’enfer du monde visible – et c’est la région de la dissemblance.

Tout ce qui apparaît s’avère une puissance du dissemblable, et tout ce qui dissemble s’avère n’être au fond qu’une qualité menaçante du lieu. »

Georges Didi-Huberman, Phasmes

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